Conférence d’Esther DUFLO, au lycée Hoche le 16 novembre 2017 – Science contre pauvreté

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Esther DUFLO, ENS ULM (Lettres et sciences), Agrégée d’économie, Docteur du Massachusetts Institute of Technology (MIT) en Economie, est titulaire de plusieurs prix internationaux et professeur au MIT (chaire de réduction de la pauvreté et économie du développement) ». Pendant la présidence de Barack OBAMA, elle a fait partie du President’s global Development Council. Elle est membre de l’Académie américaine des sciences. Cette grande économiste mondialement reconnue est venue le 16 novembre 2017 à Hoche nous parler de la lutte contre la pauvreté, à travers les expériences éducatives, qu’elle dirige, de plusieurs pays.

Les sièges de l’amphithéâtre n’ont pas suffi à accueillir les centaines de participants, anciens professeurs, anciens élèves, et surtout lycéens des classes terminales (dont le programme inclut le sujet de la conférence) et de prépas. Les plus jeunes ont donc suivi assis sur les marches, mais tous ont été vivement intéressés par l’exposé et les aides visuelles.

1. Les origines de l’orientation d’Esther DUFLO

La vie familiale a été un facteur important de l’orientation d’Esther DUFLO vers l’économie de la pauvreté : sa mère a beaucoup travaillé dans des associations humanitaires, et en parlait en famille, où l’on admirait Mère TERESA et le Dr. Albert SCHWEITZER (1875-1965, médecin protestant au Congo, Prix Nobel de la Paix 1952). D’autres actions et des chansons célèbres (Ethiopie sans frontières) ont conforté sa sensibilisation.

2. Les perceptions du grand public

Comme le grand public est objectivement concerné par la lutte contre la pauvreté, en tant que citoyen du monde et donateur potentiel, il est utile de connaître sa perception de la pauvreté, et ses réactions.
Une grande partie de la communication vers le grand public vise à provoquer la pitié et les émotions, et choisit dans ce but, comme symbole et affiche, un enfant démuni. Inversement, l’empathie et la mobilisation du public sont nettement moins fortes quand sont affichés des statistiques, même sous forme de messages-chocs, ou des groupes de pauvres : il semble alors que leurs ampleurs provoquent plutôt le découragement. De même, un sinistre isolé (par exemple Haïti en 2015) provoque des records de dons par rapport à la cause plus générale de la pauvreté.
De plus, la communication doit lutter contre deux idées assez largement répandues : (1) les pauvres sont paresseux ; (2) la clé de la victoire sur la pauvreté réside dans la création de micro-entreprises (souvent grâce au micro-crédit) c’est l’idée que « levons les obstacles, et les gens se débrouilleront ».

3. Les bases des actions de lutte contre la pauvreté

Esther DUFLO est quant à elle convaincue que les deux idées en question sont inexactes, et que les faiblesses à combattre, c’est-à-dire les principaux obstacles au développement, sont les mêmes que dans les pays développés, et se trouvent surtout dans l’éducation. En effet, les capacités innées des tout-petits (de 2 à 4 ans) dans les pays pauvres ne sont pas différentes de celles d’Amérique du Nord, comme le montrent des tests effectués par des psychologues de Harvard : sur des dessins de points, de lignes etc., les enfants de pays pauvres sont capables d’utiliser, sans les avoir appris et sans les formaliser, des notions mathématiques (de comparaison, de formes élémentaires dans le plan er dans l’espace etc.).

Autres découvertes :

  1. 1. Dans les écoles rudimentaires d’Afrique, d’Inde, …, les adultes savent souvent créer des programmes d’éducation primaire efficaces,
  2. 2. Les capacités innées des enfants pauvres les empêchent de percer dans l’enseignement primaire dans tous les cas où les programmes officiels, encore inspirés (par exemple au Kenya) de l’époque coloniale (peu d’élèves, et haut niveau visé) exploitent mal ces capacités. Paradoxalement, l’Inde possède à la fois un système primaire et secondaire catastrophique et des universités concurrençant les nord-américaines.
  3. 3. Autre gaspillage constaté : celui des petits vendeurs des rues. Ils sont presque tous bons en calculs intuitifs (calcul des prix et du rendu de monnaie) mais très faibles quand on leur demande de les faire par des opérations écrites.

4. Les expériences de lutte contre la pauvreté dirigée par Esther DUFLO

Des expériences éducatives, basées sur de très nombreux groupes scolaires de niveaux volontairement très différenciés, ont été menées avec l’association indienne Pratham, sous la direction d’Esther. Son équipe a évalué leurs résultats par des méthodes d’échantillonnage des villages participants, comparables à des tests cliniques. Il est apparu que les villages dépourvus de véritables programmes éducatifs produisent de faibles résultats, et qu’au contraire ceux qui s’appuient sur des programmes sérieux atteignent un fort taux de réussite. Ces expériences permettent de dégager et de sélectionner les programmes efficaces, et l’étape suivante consiste à les faire adopter par les pouvoirs publics.

Au total,

  • Esther a créé en Inde, en 2007, l’organisation Abdul Atif Poverty Action Lab (J-PAL), pour conduire des centaines de nouveaux projets éducatifs visant l’amélioration du sort des pauvres, aves des indicateurs de mesure de leurs résultats,
  • 300 millions d’enfants ont déjà bénéficié de ces programmes-projets ;
  • Esther DUFLO conclut : le progrès est tout à fait possible en éducation, mais dans la durée et grâce à la patience, comme les progrès en médecine.

Des questions-réponses, émanant de lycéens visiblement très attentifs, ont conclu la conférence, portant sur les méthodes d’échantillonnage, l’organisation de la collecte des données des tests, les financements (notamment les fondations telles que celle de Bill GATES), les choix à faire dans la répartition des aides financières.

Nous remercions tous vivement Esther DUFLO de cette belle conférence !

Vincent BOURGERIE, Vice-président de l’Association des Anciens de Hoche.

In memoriam Paul DOURY, ancien de Hoche (1936-1946) – Un Grand Monsieur

Paul DOURY était doué, très doué.

Nous nous sommes rencontrés, nous avions tous deux une dizaine d’années. Il était mon aîné de deux ans. C’était le début de la seconde guerre mondiale, mais nous ne savions pas ce qu’elle allait être. L’avenir était plus qu’incertain pour tous.

Après le bac, et la guerre, ce furent les études à Paris et, même si nous n’avions pas choisi la même voie, souvent nous avons fait le voyage ensemble sur la ligne Versailles Rive droite – Saint Lazare. Paul était volontiers bavard et moi aussi. Nous avons refait le monde à maintes reprises, bercés – ou plutôt secoués – par des wagons qui avaient été modernes au début du vingtième siècle, mais beaucoup moins dans les années 50… Il m’a souvent énervé : quel que soit le sujet abordé, il en savait toujours plus que moi, notamment en histoire. Il voulait faire de la médecine. Il s’est présenté au concours d’entrée à l’école de Lyon qui formait les « médecins coloniaux ». Il a été reçu. Il était doué.

Il fut, à ce titre, comme il le raconte dans l’un de ses livres « l’un des tous derniers élèves d’Henry Foley » (Henry Foley, pour qui l’ignore, fut celui qui découvrit le rôle du pou comme agent de transmission de certaines maladies – notamment la « fièvre récurrente mondiale »). Paul fut d’abord affecté dans le Hoggar, puis dans le sud saharien, avec la dureté du climat et les risques sanitaires que comportaient de tels séjours pour lui et les siens. Comme tous ses collègues, il était médecin, tous les jours, 24heures sur 24, sept jours sur sept, 365 jours par an, avec toutes les tournées dans le « bled » que cela supposait. Il s’est passionné pour son métier qui sauvait des vies, luttant contre les maladies épidémiques ou endémiques. Il a été un des artisans de l’œuvre effectuée par les médecins français pour doter ces régions des premiers éléments d’un système de soins cohérent et d’un système hospitalier. Après ce séjour africain, il est remonté dans le Maghreb, plus précisément au Maroc, où il a exercé à l’hôpital Mohammed V des forces armées marocaines et à la faculté de médecine de Rabat.

Un jour, un de ses collègues lui a demandé de l’aider à préparer l’agrégation de médecine. Comme il me l’a raconté, il s’est dit, à cet instant « au fond, pourquoi je ne me présenterais pas à ce concours ? ». Ce qu’il fit et fut reçu. Il était très doué !

Agrégé de médecine, il a été titulaire de la chaire d’hygiène à l’hôpital militaire du Val de Grâce, où il a terminé sa carrière comme « médecin général inspecteur ».

Mais la retraite n’a pas signifié pour lui l’arrêt de toute activité. La recherche historique avait toujours été une passion inassouvie. Il a repris ses études et les a continuées jusqu’à obtenir un doctorat d’histoire le 28 juin 2006 à l’université Paris IV, avec comme sujet « Lyautey et le Tafilalet ». Il s’était toujours demandé pourquoi son grand-père avait quitté l’armée avant la limite d’âge et, un jour, lors de ses recherches, il a trouvé une annotation de Lyautey ainsi libellé « affaire DOURY réglée ». Il a voulu comprendre ce dont il s’agissait. Lyautey avait décidé, de sa propre autorité, en pleine guerre européenne d’entreprendre une opération de grande envergure visant à couper le « bloc berbère » en deux à travers le Moyen Atlas, avec la jonction des troupes de la région de Meknès au nord-ouest avec celles de Bou Denib au sud-est, c’est à dire d’occuper le Tafilalet, berceau de la dynastie marocaine : il escomptait des bénéfices symboliques considérables pour un coût minime. En 1917, cette opération eut lieu, mais elle entraina un soulèvement général des tribus l’année suivante, qui s’étendit jusqu’à la Moyenne Moulouya et qui dura jusqu’en 1917, malgré l’appui des autorités militaires algériennes et se termina par un retrait des troupes françaises. Lyautey, loin d’assumer son erreur en fit porter la responsabilité au lieutenant-colonel DOURY, commandant de l’unité mobile de Bou Denib, dont la carrière prometteuse fut brisée net. Jacques Frémeaux, président de son jury de thèse a loué la qualité de son travail et de son objectivité (bien que le sujet ait été traité par le petit-fils de l’intéressé, « l’étude n’en demeure pas moins impartiale et la démonstration parait difficilement contestable »). J’ai assisté à la soutenance de sa thèse. Tout le monde a été impressionné. Il était vraiment très très doué.

Il était président d’honneur de « La Rahla, Amicale des Sahariens ». Il avait été élu, en 1993, membre correspondant de l’Académie de médecine. Ces deux titres sont, d’une certaine façon un résumé de sa vie.

Lorsqu’il a appris qu’il était atteint de la maladie de Parkinson, il m’a dit cette simple phrase : « je sais ce qui va se passer ». Il a été d’une étonnante lucidité jusqu’au dernier moment. C’était un « Grand Monsieur ».

Je ne voudrais pas terminer ce petit message sans rendre hommage à son épouse Micheline et rappeler que s’il fut un travailleur acharné, ceci ne l’a pas empêché de créer une famille avec elle, ses trois filles et son fils, que je salue ici.

A titre personnel, je voudrais dire qu’il fut un ami solide et fidèle, même si nos métiers respectifs ont maintenu entre nous une distance certaine au plan géographique.

Merci à l’association des Anciens de Hoche d’avoir permis de nous retrouver.

Guy Vidal (1934-1946)

Petite chronique de la corniche « Hoche » 1946 – 1967

La corniche « Hoche » le 2 décembre 1960

Parmi les Classes Préparatoires aux Grandes Écoles (CGPE) du lycée Hoche, la « Corniche », classe préparatoire à Saint-Cyr, occupait une place particulière. Non que l’enseignement académique prodigué aux élèves ait été fondamentalement différent de celui des autres prépas. Mais la vocation des corniches étant spécifiquement la préparation au concours d’entrée à l’Ecole Spéciale Militaire dans la perspective d’une carrière d’officier de l’armée de terre, elle imprimait tant à l’organisation de la classe qu’au comportement des élèves des caractéristiques qui, à de nombreux égards, détonnaient dans les lycées. Comme l’indique François Bonnieux (Corniche 59-60) : « Notre séjour en Corniche pour préparer le concours fait partie intégrante de notre parcours militaire même si nous n’avons que le statut de lycéens civils. En effet, pendant ces années de Corniche, nos vocations militaires s’affirment, nous sommes initiés aux traditions de l’Armée en général et de Saint-Cyr en particulier ».

A sa réouverture en 1946, la corniche ne comprend qu’une option « Sciences ». En 1951 une option « Lettres » voit le jour, réservée en principe, aux bacheliers Philo-lettres et Sciences expérimentales, vite dédoublée entre « Histoire et géographie » et « Langues ». Le concours d’entrée à Saint-Cyr est commun, un même nombre total de coefficients, répartis différemment selon les options, servant à établir un classement unique des candidats malgré des épreuves différenciées. Ce système fonctionnera jusqu’en 1967.

Plus de 20 classes de corniche fonctionnent dans les lycées civils en France métropolitaine et à Alger jusqu’en 1961, et dans les écoles militaires préparatoires. A Paris coexisteront jusqu’à 5 corniches alors que Versailles est le siège d’une compétition entre la corniche « Postes » de l’école Sainte-Geneviève et la corniche « Hoche ».

A cette époque, les candidats sont autorisés à se présenter au concours d’entrée à Saint-Cyr après une seule année de préparation. Si la réussite dès la première année n’est pas rare en option Sciences, elle l’est beaucoup plus en Hist-Gé et en Langues vivantes compte tenu de l’ampleur des programmes. Les effectifs de la corniche Hoche ont oscillé entre une petite vingtaine et plus de soixante-dix élèves, en fonction de l’évolution des besoins d’encadrement des armées liés aux conflits d’Indochine et d’Algérie, et parce que la corniche « Hoche » a été constituée, de 1950 à 1962, par deux entités : une corniche civile constituée des élèves venant de terminer leur cycle d’études secondaires, et une corniche « militaire » constituée de sous-officiers ou aspirants titulaires du baccalauréat et ayant fait acte de candidature à Saint-Cyr. A Versailles, ils logeaient à la caserne d’Artois et suivaient au lycée les mêmes cours que leurs camarades civils. Le général Yves André se souvient : « Engagé volontaire en 1955, j’ai rejoint la corniche militaire de Versailles à l’issue d’un premier séjour en Algérie. Ma scolarité a donc été marquée par deux points essentiels ; il me fallait réussir le concours dès la première année de prépa, sous peine de regagner mon régiment en Algérie comme simple sergent ; par ailleurs j’ai automatiquement bénéficié auprès de mes camarades, du prestige de l’ancien combattant. De ce fait, j’ai échappé à toutes les petites tracasseries qui accompagnent généralement la formation des Bizuths[1] ».

L’ambiance et les traditions

Sauf pour quelques élèves habitant Versailles, la règle de vie était l’internat. La période de la rentrée de septembre au 2 décembre, date anniversaire de la bataille d’Austerlitz, était marquée par les activités de tradition, qui ne concernaient que les élèves civils de la corniche. Les modalités de ce « bahutage[2] » des nouveaux élèves étaient très directement liées aux traditions de l’école de Saint-Cyr. Plutôt physique, pimenté de chants de tradition et d’exercices divers les jeudi après-midi dans le parc du château ou dans les bois de Fausses Reposes, il visait, de la part d’anciens se prenant très au sérieux, à inculquer aux « pékins libidineux et indécrottables les bases élémentaires d’éducation indispensables à un futur élève officier d’active ».Le 2 décembre, les « pékins » de 1ère année de la corniche recevaient leur calot bleu clair et rouge lors d’une cérémonie sur les marches de la chapelle du lycée, en présence du corps professoral et des intégrés de l’année, en grand uniforme, revenus de Coëtquidan pour l’occasion.

Chaque année, une cérémonie d’hommage aux fonctionnaires et élèves morts pour la France était organisée le 11 novembre. En présence du proviseur, du corps professoral et de madame Magny, notre marraine, mère adoptive du Chef de bataillon Henri Magny, Saint-Cyrien de la promotion Mangin (1929-1931), Compagnon de la Libération, mort pour la France le 16 mai 1944 en Italie, la corniche, précédée de son fanion tricolore, clôturait le défilé de toutes les classes du lycée qui se regroupaient autour de la cour d’honneur. Mais jusqu’en 1961, ce sont surtout les évènements d’Algérie, qui ont marqué la vie interne de la corniche, une certaine tension existant alors entre partisans et adversaires – vrais ou supposés – de la politique algérienne du gouvernement, et sans que l’encadrement du lycée ou les professeurs en prennent toujours la juste mesure.

Les professeurs

Tout au long de ces années, la corniche a bénéficié de l’enseignement d’une cohorte de professeurs qui ont marqué les élèves, non seulement par l’étendue de leurs connaissances et leur sens pédagogique, mais aussi, et peut-être surtout, par leur dévouement et leur totale implication dans la réussite de leurs élèves. Les noms sont toujours en mémoire : MM. Trotignon et Bergeron (Histoire-Géographie), Littaye (Physique), Henrion, Bataille et Vivey (Anglais), Durand et Millier (Mathématiques), Nivat (Lettres), Klein, un alsacien à l’accent bien marqué (Allemand), Strich (Allemand). Que dire de la personnalité « folklorique » de monsieur Robert (Physique), commandant de réserve, qui aura marqué des générations de candidats « Sciences » par ses descriptions anatomiques de la machine à vapeur et la taille de ses chevalières en or. Mais c’est sans conteste M. Reverseau (Histoire-Géographie), affectueusement surnommé « Mémé », dont les Cyrards de plus de 10 promotions se souviennent avec le plus de nostalgie. Lors de sa dissolution en 1968, la corniche décidera de lui léguer son fanion comme marque d’estime particulière et en remerciement de son dévouement.

Le concours

Les épreuves écrites étaient organisées alternativement par le Lycée Hoche et l’Ecole Sainte-Geneviève alors que les épreuves de l’oral se tiennent à Paris au lycée Condorcet. Depuis 1960, les candidats devaient être en possession du permis de conduire VL pour passer l’oral. Les épreuves de mathématiques portent souvent sur l’étude de fonctions, variations, courbes dont les coniques, calculs logarithmiques, épreuve d’épure (ombre portée par un solide constitué d’une sphère portée par une pyramide et éclairée par des rayons lumineux à 45° de la verticale – 1951). En physique, le moteur à explosion, principe et rendement ; les montages électriques, générateurs, résistances, moteurs. Autres exemples : « Au nom de quels principes moraux un homme peut-il imposer à d’autres hommes le sacrifice de leur propre vie ? » (Français 1 – 1946) ; « Analysant les qualités de chef, un psychologue contemporain a écrit : la plus parfaite manifestation de la volonté du chef, c’est la ténacité qui vainc tout ensemble et le temps, et les hommes. Expliquez cette affirmation » (Français 1 – 1951) ; « L’Afrique occidentale française : grandes régions naturelles, voies de communication, ressources, perspectives d’avenir » (Géographie – 1951); « La rivalité des maisons de France et de Bourgogne 1363/1491 » (Histoire – 1959). Certaines épreuves paraissent insurmontables aux candidats. En 1958, l’un d’eux, interrogé sur l’angle de deux droites, ira jusqu’à répondre : « j’ai une vocation pour les blindés, je ne vois pas l’intérêt de cette question ! ».

L’importance des épreuves sportives à l’oral du concours est justifiée par la perspective d’une carrière dans les armées. La préparation des épreuves est facilitée à Hoche par l’excellence des installations sportives, le grand gymnase de l’aile des Sciences et le stade du lycée avec ses sautoirs, sa piste et le grand portique dont tous les anciens lycéens se souviennent. L’obtention du brevet de parachutiste prémilitaire donne également quelques points supplémentaires au concours. La Préparation Militaire Parachutiste, organisée à Versailles dans la caserne de Limoges (avenue de Sceaux) est donc très courue des élèves de corniche. Outre les séances d’instruction en semaine lors des demi-journées où il n’y a pas classe au lycée, les élèves bénéficient parfois d’une période d’entrainement groupée de quelques jours pendant les vacances scolaire. Entre avril et juin, les séances de saut en vol ont lieu à Villacoublay ou sur la base aérienne d’Orléans-Bricy.

En conclusion…

Suite à la décision de regroupement de toutes les Corniches dans des établissements militaires d’enseignement et à l’obligation d’une préparation au concours en deux ans, comme pour les autres prépas, la corniche Hoche cesse d’exister en 1967. Entre 1946 et 1967, plus de 900 élèves seront passés par cette corniche Hoche, elle aura donné environ 400 officiers aux armées dont plus de 80 officiers généraux.

Vingt et un d’entre eux, le plus souvent jeunes lieutenants ou capitaines, sont morts pour la France en Indochine, Algérie et Liban, et quatre en service commandé. Ne les oublions pas !

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Général de corps d’armée (2S) André Ranson, ancien du lycée Hoche (1959-1965)

[1] Témoignage du général Yves André, corniche 56/57, Saint-Cyr 57/59.
[2] En référence à l’intégration dans l’ancienne école de Saint-Cyr, bombardée pendant la guerre et nommée le « Vieux bahut ».