Jean Cuenat, professeur de mathématiques spéciales, nous a quittés

Jean Cuenat, professeur de mathématiques spéciales M’ au lycée Hoche de 1968 et 1994 nous a quittés le 31 janvier 2017. Une de ses anciennes élèves témoigne.

J’ai été l’élève de Jean Cuenat en mathématiques spéciales, pendant l’année scolaire 1991-1992. La première chose qui me frappa chez cet homme déjà âgé, c’était son regard clair, pétillant d’intelligence et d’esprit, qui s’illuminait devant les questions mathématiques qui l’amusaient. C’était un professeur exigeant, très inquiet des résultats de ses élèves. Je garde le souvenir d’une année éprouvante, tant par le rythme de travail intense qui nous était imposé que par la densité des connaissances qu’il nous fallait acquérir, mais Jean Cuenat sut l’adoucir en s’intéressant à chacun d’entre nous, et en faisant preuve d’indulgence et d’attention même pour l’élève très médiocre que j’étais. Il se consacrait entièrement à notre réussite, bien au-delà des heures de cours : il venait nous attendre à la sortie des épreuves écrites et orales des concours pour recueillir nos impressions et nous encourager – sans oublier de prendre note des énoncés sur lesquels nous venions de plancher, outils indispensables pour préparer les élèves qui allaient nous succéder. Chaque semaine, il assistait à l’affichage des résultats des séries successives de l’X : c’est lui qui m’a appris que mon classement provisoire m’assurait une place dans cette école, et il semblait s’en réjouir sincèrement pour moi, malgré mes piètres notes dans sa discipline, qui ne rendaient certes pas justice à la qualité de son enseignement. Je lui dois mon succès inespéré à ce concours, et cela suffirait à lui assurer ma gratitude infinie.

L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais c’était sans compter sur l’énergie immense de cet homme et son souhait d’occuper activement la retraite qu’il dut prendre trois ans plus tard à son corps défendant – mais l’administration est intraitable quand il s’agit de l’âge. Il se lança alors dans la traduction d’un volumineux ouvrage mathématique allemand, et constitua une équipe d’anciens élèves germanistes entre lesquels il répartit la tâche. C’est avec sa conscience pointilleuse habituelle qu’il relisait et corrigeait notre travail, et je me souviens du découragement qui m’accablait quand je voyais revenir mes brouillons entièrement raturés et réécrits… Cette collaboration, qui dura plus d’un an, fut l’occasion d’échanges fréquents et notre relation prit un tour plus personnel : Jean Cuenat vint à mon mariage, me félicita à la naissance de chacun de mes enfants, me soutint avec une grande gentillesse quand j’appris la grave maladie de mon fils aîné, Thomas. Je conserve précieusement les livres et les lettres qu’il m’envoya pendant les longues hospitalisations de Thomas, car le livre, m’écrivait-il, est une compagnie et un réconfort dans l’épreuve. Je n’oublie pas non plus les joyeux goûters qu’il organisa chez lui pour mes enfants encore petits, et la vigilance qu’il déployait alors pour que mon Thomas si fragile soit toujours en sécurité, les dîners partagés, chez lui ou chez nous, avec son épouse, les longues conversations téléphoniques pendant lesquelles toutes sortes de sujets étaient évoqués, de points mathématiques auxquels il s’intéressait à la santé de son épouse, de l’éducation de mes enfants à l’échange de recettes de cuisine… Il s’intéressait à tout, et s’il abordait les questions sous un angle très cérébral, c’était toujours avec une empathie réelle et sincère. Notre dernière rencontre date de la conférence organisée par les Anciens du Lycée Hoche, au cours de laquelle il a été nommé membre d’honneur de notre association : je le revois grimper lestement les marches de l’amphithéâtre, oubliant ses quatre-vingts ans largement passés, pour venir bavarder avec mon fils Thomas, alors élève en mathématiques supérieures, et dont il suivait toujours avec attention la scolarité.

J’ai appris avec beaucoup de peine sa disparition. Bien plus qu’un ancien professeur, il a été une présence chaleureuse et bienveillante tout au long de ma vie d’adulte. Il a exercé pendant vingt-six ans au Lycée Hoche, avec un dévouement et un engagement sans faille, et je ne doute pas que ma tristesse soit partagée par nombre de ses anciens élèves. Il va nous manquer. Mes pensées vont à sa famille et à ses amis.

Isabelle Mordant (Durvye), élève à Hoche entre 1985 et 1992.

 
 
Cet article vous a plu : partagez-le !
 



(18) commentaires

  1. Bonjour,

    C’est également avec une certaine émotion que j’apprends le décès de Monsieur Cuenat.
    Je me remémore immédiatement 3 anecdotes marquantes de mon année de Spé (1991-1992 comme Isabelle) :
    1. Ma première note de Math-Spé : 2,5. C’était la 1ère fois de ma vie que je n’avais pas la moyenne en maths. Autant dire que cela ne m’a pas donné une 1ère image positive de Monsieur Cuenat.
    2. Lors des résultats écrits de l’X, je n’étais pas admissible ni au GOX ni au POX. Et je me souviendrai toujours que Monsieur Cuenat est venu me voir en me demandant ce qu’il s’était passé tant il était étonné de ma non-admissibilité. Il ne peut pas savoir à quel point cette phrase a compté pour moi car à défaut d’être admissible à l’X, je comprenais que j’aurais pu l’être…
    3. Quand j’ai été admis à l’ENSAE, il m’a encouragé à y aller car il savait que cette école était faire pour moi. Et il a eu raison.

    Merci Monsieur Cuenat, car au delà d’avoir été un excellent prof de maths, vous avez plus que largement contribué à forger nos personnalités et ce que nous sommes. Merci.

    Au revoir

    Aymeric

    Répondre
  2. Jean-Philippe LALIGAND

    Elève de Jean CUENAT en 1980/1981 (XM’), je lui dois mon succès aux concours d’entrée des Grandes Ecoles (X1981). Je lui suis toujours resté reconnaissant pour la qualité de son enseignement et pour son humanité et constate qu’il a conservé jusqu’au bout son engagement et son désir de transmettre.

    Répondre
  3. Je suis très ému d’apprendre la disparition de notre maître Jean Cuénat.

    Il m’avait fait entrer à l’X en 3/2 en 1982, et je lui en suis immensément reconnaissant.

    Une anecdote : apprenant de ma camarade de spé Nathalie Dostatni mes deux notes d’oral de maths à Centrale (18 et 18) il lui a dit : « ah oui, Gagnaire, il va si vite que personne n’ose lui dire que c’est faux ! » il avait parfaitement raison : j’avais froidement inversé une intégrale et une somme à l’infini au cours de l’une de ces épreuves, je m’en suis rendu compte en sortant et j’en avais froid dans le dos en attendant les résultats !

    Je me souviens parfaitement de notre dernière rencontre – si l’on peut dire : il y a deux ans, j’attendais le métro sur un quai à Paris, il est apparu sur le quai d’en face, il m’a reconnu et m’a adressé un signe de la main et un de ses sourires, contenus. Je me suis dit que c’était la première fois depuis fort longtemps, et peut-être la dernière que je le voyais ..

    Un grand Monsieur.

    Répondre
  4. J’ai été élève de Jean CUENAT la même année (1991-1992) et dans la même classe qu’Isabelle. Je me souviens aussi de son regard clair, vif, plein d’intelligence et de bienveillance.

    Sa manière d’enseigner était très originale : debout au fond de la classe, il supervisait et commentait le cours qui était fait au tableau par un élève de 5/2. Chaque semaine, un élève différent au tableau, pour toute la semaine. Son positionnement particulier dans la classe, derrière nous plutôt que devant nous, lui permettait de prendre le pouls de la classe et de nous accompagner au mieux dans notre effort de compréhension.

    Preuve de l’efficacité de sa méthode, la moitié de sa classe de M’ est rentrée à l’X en 1992 (24 élèves sur 48, si je me souviens bien), sans compter les 2 ou 3 qui sont allés à Normale Sup. Tout comme Isabelle, je me souviens comme si c’était hier de la joie sur son visage lorsqu’il nous annonçait son pronostic (positif) devant le tableau des résultats préliminaires de l’X.

    Quelques années plus tard, à l’occasion d’un déménagement, j’ai perdu mes classeurs contenant le cours de Maths de Jean CUENAT. Ce cours, je le connaissais par coeur au moment de passer les concours. Si quelqu’un pouvait me faire une copie du sien… j’en serais très heureux.

    C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris sa disparition. Mes pensées vont à sa famille et à ses amis.

    Répondre
  5. Dominique Clermont-Mérouze

    Je suis plus ancienne que les camarades des commentaires précédents ; j’ai eu Jean Cuénat en M’ en 1973/1974. A l’époque, il me paraissait beaucoup plus âgé que moi (ses cheveux étaient déjà blancs), mais en fait il ne devait pas avoir 40 ans…
    Je me souviens très bien, après toutes ces années, de l’attention qu’il portait à chacun de ses élèves ; je trouvais qu’il me faisait passer bien souvent au tableau, j’ai compris a posteriori qu’il souhaitait me pousser au meilleur. Je me souviens encore de l’entendre nous répéter ; « convergence absolue des séries entières sur tout disque fermé inclus dans le disque de convergence »… Je me souviens aussi d’une de ses phrases favorites : « pour ce problème, il y a plein de solutions, la bonne … et les mauvaises ! ».
    L’été entre mes concours et mon intégration, je me rappelle avoir eu un échange de courriers avec lui. On n’avait pas les mails, on s’écrivait sur papier à cette époque. Je m’ouvrais à lui de ma grande hésitation entre l’X et l’ENS ; sans aucunement chercher à m’influencer, il m’a répondu qu’il avait connu la même situation pendant (je crois) l’été 1956. Cela me l’a rendu plus proche… Je lui garde une immense reconnaissance de ses qualités humaines et mathématiques, qui ont fait de cette année de spé un souvenir finalement assez bon…
    Je suis vraiment attristée de sa disparition.

    Répondre
  6. J’ai eu le grand bonheur d’avoir Jean Cuenat comme professeur en M’ en 1978-1979. Il fait partie de ces rares enseignants qui m’ont beaucoup marquée et il a eu certainement une influence importante sur mon evolution professionnelle. Ses arguments m’ont amenée à choisir l’X par rapport à l’ENS et maintenant je me dis que cela m’a permis d’avoir une carrière très variée à la fois de chercheur et aussi de manageur.
    Avec ma camarade de prépa en Spe Catherine Gitard, nous avions parié que sî nous intégrions toutes les deux l’X, nous lui tricoterions un pull over. Ce qui fut fait. Nous avons ainsi profité de notre service militaire et nous promenions en permanence avec nos aiguilles à tricoter sur le terrain pour réaliser un pull bleu en harmonie avec ses yeux. Je crois qu’il fut bien touché par cette attention et nous d’avoir pu ainsi lui signifier tout notre reconnaissance.

    Répondre
  7. C’est avec beaucoup d’émotion que j’apprends le décès de Monsieur Cuenat. J’ai eu la chance de l’avoir comme professeur pendant deux ans de septembre 1976 à juin 1978 ayant fait 5/2. Je garde de ces deux années un émerveillement dans la découverte des raisonnements mathématiques, les beautés de la topologie, la profondeur du calcul différentiel et la perfection de l’algèbre linéaire.
    Ayant choisi d’intégrer à normal sup St Cloud, je lui dois beaucoup dans mon choix de devenir à mon tour professeur de mathématiques plutôt qu’ingénieur. La qualité de son enseignement, la rigueur de son approche, la fermeté toujours accompagner d’une profonde bienveillance m’ont guidé dans ma vie professionnelle et ont été un modèle dans la relation avec mes étudiants.
    J’ai choisi de travailler sur des modèles mathématiques pour l’économie, thématique assez lointaine de celles qu’il appréciait particulièrement, mais je sais que j’ai toujours puisé dans les fondements qu’il m’avait enseigné.
    Guidé par mes convictions personnelles, je n’avais pas passé l’Ecole polytechnique et je crois qu’il m’en avait voulu à l’époque car j’aurai pu, avec de la chance, ajouter une ligne sur l’impressionnante liste de celles et ceux à qui il a permis d’intégrer dans cette école.
    Même si je ne l’ai revu que très rarement depuis mon départ du lycée Hoche, il est resté bien présent dans mes pensées pendant toutes ces années.
    Jean-Marc Bonnisseau
    Professeur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
    Président EP Campus Condorcet

    Répondre
  8. J’ai été élève de Jean CUENAT la même année (1991-1992) et dans la même classe qu’Isabelle, Sylvain et Aymeric. Et 25 ans après, je reste marqué par son regard pétillant d’intelligence, sa soif de faire progresser ses élèves et sa satisfaction / son sourire quand ses élèves avaient compris.
    Et 25 ans après, j’ai toujours peur qu’il me demande d’aller au tableau et qu’il se mette à secouer sa table au fond de la classe…
    Merci, Monsieur Cuenat!

    Répondre
  9. Peu d’enseignants m’ont laissé des souvenirs aussi présents que Jean Cuenat. Encore plus ancien que Dominique, j’ai eu en 1970-1971, dans ses premières années à Hoche. Je le revois encore, son petit carnet (noir, il me semble) à la main, nous disant en début d’année : « en 3/2, si vous avez la moyenne en maths avec moi, vous entrerez à l’X ». J’ai très mal commencé l’année avec 6,5 de moyenne au premier trimestre. J’ai progressé, 9,5 au second, et fort heureusement, 10,5 au dernier trimestre. Et il avait raison, je suis entré à l’X en 3/2 !

    Répondre
  10. J’ai été son élève en 1990-91, quelques années avant son départ à la retraite.

    J’ai le souvenir d’une grande sérénité durant ses cours. Jamais d’engueulade, jamais de vexation. Une infinie bienveillance et l’envie de pousser chacun à donner le meilleur aux concours qui se profilaient.

    Un matin, il a fourni une démonstration que j’ai trouvée particulièrement calculatoire (= *moche*) pour un exercice portant sur les endomorphismes d’espaces euclidiens. Je m’en suis ouvert auprès de lui à la fin du cours, et il m’a répondu en souriant qu’il attendait de moi de trouver une démonstration purement géométrique à l’exercice, et de la présenter au tableau une fois trouvée. Il n’y avait aucune ironie dans son propos, de la gentillesse à l’état pur, de la confiance, et la conviction que j’y arriverai.

    Il savait donner confiance aux élèves et les convaincre qu’ils allaient réussir.

    Je l’ai revu en 2014 : il nous a fait le plaisir de partager les retrouvailles de la M’ 1990-91 autour d’un verre, à l’issue de la conférence d’un de ses anciens élèves organisée à Hoche. J’ai eu l’impression que le temps s’était arrêté, et qu’il n’avait pas changé en 25 ans.

    Merci pour tout, Monsieur Cuenat.

    Répondre
  11. Je suis très triste
    Au-delà de la qualité exceptionnelle de son enseignement, au delà de son souci de la réussite de chacun de ses élèves; M. CUENAT a été pour moi un mentor et un protecteur .
    C’était ma deuxième année en France: je suis arrivée de Tunis direct à Versailles en sup à Hoche en septembre 1982.
    la première année j’ai loué une chambre chez une famille au Chesnay . Quand je suis arrivée en spé, c’est lui qui a été voir madame la proviseur et il a réussi à la convaincre de me louer une chambre de pion. J’étais la seule fille à pouvoir dormir au lycée hoche . il voulait que ces élèves aient tous , les meilleures conditions pour réussir et pour moi, cette chambre juste au dessus du couloir de notre classe était une de ces conditions.
    Pendant le concours de l’X , il m’a accompagnée aux oraux. Il était avec moi pour les premiers résultats.
    Quand les résultats finaux sont tombés c’est lui qui a appelé à Tunis pour nous annoncer mon admission. Je n’étais pas chez moi et il a eu mon père pour lui annoncer mon intégration à l’X

    C’est lui qui m’a accompagnée dans ma réussite scolaire mais aussi c’est grâce à lui que j’ai réussi mon intégration en France.
    je suis restée en contact avec lui . j’ai été chez lui : j’ai admiré sa collection de train , et tous les objets en lien des chemins de fer.
    je l’appelais tous les ans pour lui souhaiter une belle année . on parlait de tout : le travail, la famille; sa collection , ses journées ,ses anciens élèves ; la santé de son épouse dans ses derniers jours, et de temps en temps une petite question d’ordre mathématiques pour me taquiner.
    je le regrette sincèrement

    Je l’ai contacté tous les ans pour lui souhaiter une belle année : on parlait de tout ; le travail la famille sa collection de trains, la maladie de son épouse à la fin de ses jours ; un exercice de maths pour me taquiner ..

    Je le regrette sincèrement

    Sonia

    Répondre
  12. J’ai eu la chance, si je puis dire, de faire deux années de Math Spé dans la classe de Monsieur Cuénat, entre 1991 et 1993.
    Le souvenir de sa voix résonne encore dans ma mémoire quand il nous rappelait tous les lundis matin, après les vacances de Noël, combien de semaines il nous restait avant le concours de l’X. Cela nous donnait chaque semaine un peu plus de courage pour affronter la dureté des cours et des examens.
    Il était très exigeant, et en même temps très attentif à chacun de ses élèves. Je garde de lui le souvenir d’un professeur exceptionnel, alliant un engagement profond et une autorité naturelle qui forçait l’admiration.
    Au fil des années et des déménagements, j’ai malheureusement perdu un à un les cours de toute ma scolarité. J’ai gardé un seul classeur, celui du cours de XM’ de Monsieur Cuénat. (Sylvain, je te le mets à disposition si tu veux une copie). C’est un cours d’une valeur inestimable.
    Je suis vraiment attristée de sa disparition.
    Merci Monsieur Cuénat, nous ne t’oublierons jamais.

    Répondre
  13. Je suis profondément attristé de la disparition de Jean Cuenat. J’ai été son élève en XM’ en 1988-89. J’ai le souvenir d’une ambiance studieuse, mais bienveillante, dans sa classe. Contrairement à nombre d’anciens taupins, je garde in excellent souvenir de ma spé: une période marquée par la camaraderie et la solidarité, ouverte vers un avenir à la fois exigeant et exaltant.

    Cher Monsieur Cuenat, certaines fonctions resteront « féroces », et je pense souvent à la redoutable « ENSI nougats à Montélimar », lorsque j’ai besoin d’un surcroit de courage pour m’attaquer à une tâche ardue. Merci de tout coeur pour votre professionnalisme et votre dévouement. Si le niveau en mathématiques des jeunes français est mondialement reconnu, c’est à des hommes et femmes tels que vous que nous le devons.

    Répondre
  14. Laurence VARLOOT née LEMESLE

    J’ai été l’élève de M Cuenat en M’ à Hoche en 1983-1984 et c’est avec émotion que j’apprends son décès.
    Il m’a soutenue et entraînée toute l’année de Maths Spé, et c’est bien grâce à lui que je suis arrivée avec tant d’assurance aux concours et ai pu intégrer Polytechnique.
    Il peut être rassuré dans sa tombe, il n’a jamais été oublié.

    Répondre
  15. De ma scolarite, le souvenir d’un professeur surpasse tous les aures, de si loin: M. Cuénat. Relativement aisé en math, sans être génial, ayant un goût prononcé pour le pratique et détestant les constructions purement théoriques, je ne les avais jamais aimées. Au point que je voulais passer en P’ bien que j’étais facilement admis en M’. Je me souviens encore comment M. Cuénat, sur un banc devant la chapelle de Hoche, m’en avait dissuadé. Avec moi, vous serez a l’X à la fin de cette année scolaire, avait il déclaré. J’étais ébahi par sa méthode d’enseignement, laissant aux 5/2 le soin de donner les cours. Mais la leçon qui sortait, c’était bien celle de M. Cuéna, qui par une force aussi forte qu’inexplicable arrivait a télécommander les 5/2 du fond de la classe. Je me souviens d’une année très difficile, des notes en Math toujours catastrophiques, et de chercher mon nom sans le trouver sur la liste des admissions a l’X 83 en commençant par le bas. « Commencez donc par le haut, M. Verdiell », me dit il, très fier évidemment. Non seulement il m’avait infiniment bien préparé pour cette épreuve franco-française des concours dominés par les Maths, mais il me les avait presque faites aimer. Cette facilité mathématique qu’il m’avait faite acquérir contre mon gré me servirait grandement durant ma thèse, tapissée de formules mathématiques aussi jutes qu’incompréhensibles, et mes travaux aux Bell Labs ou j’ai pu combiner mon aptitude naturelle de l’experimentation à celle pas naturelle du tout son explication mathématique. Recherche devint produit, produit devint startups dans la Silicon Valley, et ingénieur devint CEO. Il y a bien longtemps que je n’ai plus vu d’équations, mais voici que je rejoins le Computer History Museum (Silicon Valley oblige), à réparer ordinateurs analogiques et autres bêtes a calcul géantes et préhistoriques, juste pour la gloire. Il va falloir se remettre dans le bain du calcul numérique et des équations différentielles, pour rire un peu cette fois. Et certainement pas avec un bouquin. Il n’y a qu’un cours dont je vais relire mes notes après 34 ans: celui de M. Cuénat.
    Comme on l’a dit plus haut: un enseignant exceptionnel doublé d’un grand Monsieur.

    Répondre
  16. Très sincères condoléances à Madame CUENAT et à leurs enfants. Madame CUENAT était également professeure, de sciences physiques, au lycée La Bruyère de Versailles : un homme et une femme d’une très grande générosité dans la transmission du savoir scientifique.

    Marianne Lévy (TC 1984-85 à La Bruyère avant d’être élève à Hoche)
    Monique Lévy (professeure d’espagnol au lycée La Bruyère)

    Répondre
  17. Au cours de ma scolarité, peu de professeurs m’ont laissé un souvenir inoubliable (une demie douzaine sur 9 ans soit une cinquantaine de de professeurs en tout), Jean Cuénat fait indiscutablement partie de ceux-là.
    Ma première rencontre fut assez impressionnante : première colle de sup, nous étions 3, ce monsieur aux cheveux blancs en costume noir fait passer les 2 autres en premier, puis m’invite au tableau avec un « Richer c’est bien vous qui avez eu 20 en math au bac », il était apparemment bien renseigné… cette colle c’est finalement bien passée.
    J’ai dû le décevoir en n’intégrant pas l’X et en préférant Centrale à 5/2. Cette année là (81-82, comme Henri Gagnaire) a été particulière, avec une première série de l’X (dont je faisais partie) catastrophique (ceux qu’il voyait à l’X n’y étaient pas) et un résultat final inespéré avec une vingtaine d’X et uniquement 4 ou 5 5/2 (les pauvres, ils devaient faire le cours l’année suivante, habituellement ils étaient une dizaine sur 40 à 50).

    Merci Monsieur Cuénat pour cette année de mathématiques…

    Répondre
  18. Issu d’une école normale d’instituteurs, j’ai été désigné, après le bac, pour préparer Normale Sup. C’est ainsi que j’ai été en 1969/1970 l’élève de Monsieur Cuénat en XM’.
    Cette année fut la plus difficile et la plus formatrice de toute ma scolarité. J’étais très impressionné par monsieur Cuénat et mes résultats n’étaient pas brillants, j’ai ai eu cependant quelques bonnes notes avec lui en colle.
    Quelques anecdotes me sont restées :
    – La visite en classe de monsieur l’inspecteur général Cagnac lors de laquelle monsieur Cuénat exposa le théorème de d’Alembert (démonstration d’analyse pour un théorème algébrique )
    – Un paquet de spaghettis noués sur le bureau pour illustrer les surfaces réglées
    – La visite, tard le soir, de monsieur Cuénat, dans les chambres des internes, qui venait s’assurer du travail de ses élèves.
    Mon année de 3/2 ne m’a pas suffi pour intégrer une grande école, mais le niveau acquis et les méthodes de travail m’ont permis d’obtenir rapidement la maîtrise et le Capes, puis l’Agrégation.
    Merci Monsieur Cuénat pour votre enseignement. Votre niveau mathématique, vos exigences, vos méthodes, votre style ont été le meilleur exemple de toute ma carrière.

    Patrick Delforge

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *